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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 10:41

Sacred 3

Développeur : Keen Games

Éditeur : Deep Silver

Sortie le 31/07/2014 sur PC, XB360, PS3

Genre : Hack'n'Slash (mais en fait Beat Them All)

Joueurs : 1-2 offline, 1-4 online

PEGI 16

 

"La victoire est à nous. La gloire m'appartient"

 

Cela fait déjà six ans que les fans de Sacred II attendent une suite à leur action-rpg favori. Le titre développé à l'époque par Ascaron Software est en effet resté dans les mémoires collectives comme un jeu en monde ouvert vraiment jouissif car bourré d'humour, de loot à gogo, et de joutes violentes en multijoueur. Seul titre capable de rivaliser un peu avec Diablo dans le cœur de pas mal de joueurs, on peut donc dire que l'attente fut bien longue avant de voir débarquer cette suite sur nos ordinateurs et nos consoles. Car oui mesdames et messieurs, même le portage console de Sacred II était réussi. Qu'en est-il de ce troisième volume des aventures au pays des séraphins, véritables anges gardiens de la contrée d'Ascaria ? Ces six années ont-elles permis aux développeurs d'améliorer une recette qui fonctionnait déjà très bien ? La réponse à cette question vous trouverez, si le temps de lire ce test vous prenez.

 

"Wow ! J'avais entendu parler de batailles, mais je n'imaginais pas à quel point tu étais badass !"

 

Rappelons en premier lieu que les développeurs qui ont officié sur l'épisode actuel ont pour meilleures expériences un jeu PS2 moyen du nom de Legend of Kay sorti en février 2005, ou encore le pas si mal Anno 1701 paru sur PC en catégorie jeu de gestion en...2005. Vous comprendrez dès lors qu'il faudra être très indulgent avec le jeu à venir, ou espérer un miracle digne d'un arrêt d'Ochoa face aux Pays-Bas sur penalty (miracle qui n'a pas eu lieu, on peut le rappeler).

 

Ce Sacred 3 se présente en fait non plus comme rpg orienté action, mais comme un beat them all coopératif : oubliez le monde ouvert et remplacez le par de simple couloirs étriqués sans la moindre once d'exploration possible, oubliez également la richesse du loot, les nombreuses quêtes à suivre, les pnj marrants à souhait, enfin bref oubliez tout ce qui faisait le sel de l'opus précédent. Ici que vous soyez seul ou à deux, trois ou quatre, vous n'aurez qu'à avancer dans de longs couloirs, parfois à entrer succinctement dans une arène, et défourailler tout ce qui bouge à l'écran à coup d'arme à deux mains, de flèches glaciales, d'épée simple ou de lance, sans oublier quelques sorts de magie légèrement customisables qui vous aideront à mettre en œuvre ce massacre généralisé. Quatre types d'armes pour quatre types de classe de personnages, dont les classiques guerrier, archer, séraphin (chère à la saga ), et lancier : pas de mage, ni même de juif, comme l'avait osé une autre série irrévérencieuse.

 

 Du très classique aussi dans la customisation des sorts et des armes également puisque moyennant finances vous pourrez leur débloquer de nouvelles aptitudes dès lors que vous aurez atteint le niveau requis avec votre avatar préféré. On notera que ces évolutions ne sont pas définitives puisque l'on pourra les annuler et récupérer la somme d'argent qui y était consacrée sans la moindre pénalité. Pratique pour ceux qui veulent tout essayer en cours de route, mais pas assez punitif du point de vue d'un rôliste...mais nous ne sommes plus dans un rpg ne l'oublions pas.

 

Ah oui rappelons quand même le background de Sacred 3 avant d'aller plus en profondeur dans l'analyse. Vous et vos compagnons incarnez les meilleurs combattants des régions d'Ancaria, réunis sous la bannière de la résistance face à l'oppresseur Zane. Ce dernier est un puissant magicien, fils héritier de la figure maléfique de Sacred II, qui a décidé de conquérir le continent pour voler un artefact qui lui donnera le rang de Dieu. En solo, ou à plusieurs, vous aller affronter ses armées dans des environnements fantasy classiques (forêt, port, ruines, château, volcan, cimetière, etc.). La carte se présente comme un jeu de l'oie, avec un tracé jalonné de cases qui alternent arènes de combat et donjons. A l'issu des affrontements XP et or seront au rendez-vous, elles vous permettront les légères retouches de personnages évoquées plus haut ou l'achat d'objets qui facilitent la tâche lors des affrontements (totem de vie ou d'énergie, popo de santé, bombes, etc.). Des mécanismes très légers du jeu de rôle, pour une architecture de jeu vraiment pensée pour l'action en groupe. On peut résumer Sacred III à un déroulement très simple : je custom mon perso, je choisis une map, on y va en groupe et on défonce tout. Le tout sans grande difficulté en mode normal, pour une durée de vie d'à peu près six heures. Il est bien loin le temps de Sacred II.

 

"Je vais te battre et te démembrer ensuite. J'ai la technologie pour ça."

 

Celles et ceux qui ont eu la chance de connaître les épisodes précédents sentent le gros naufrage arriver et doivent se demander s'il reste quelque chose des origines à ce troisième volet. Soyons francs et directs : si le contenu est trop allégé et dénaturé par rapport à celui des ancêtres, si le jeu est devenu répétitif à souhait (vas-y que je te fais refaire les mêmes actions à chaque donjon, même les patterns des boss reviennent!) et trop brouillon/bourrin pour en retirer vraiment du plaisir, certaines choses ont tout de même perduré. D'abord les dialogues réussis et insolents pour de la fantasy, qui puisent sans vergogne du côté de Terry Pratchett : ça fait du bien d'avoir un côté débile profond assumé que l'on retrouvait dans les autres épisodes. Certains personnages sont d'ailleurs assez réussis comme Zep'Tik, un général de Zane, complètement sadique et paranoïaque à la manière de Flying Fox dans Heavenly Sword. On pense également aux esprits qui vous accompagnent de leurs affirmations désopilantes, cela va du dragon en mode flippette à l'Elfe un peu trop hippie sur les bords, en passant par le vampire vraiment assoiffé de rouge qui tache. Ce jeu prend le parti d'être drôle, et c'est plutôt bien fait.

 

Les artworks qui servent de cinématiques sont quant à eux fort jolis et restent dans l'univers de Sacred tant au niveau des couleurs que du design général, avec tout de même des traits plus orientés superhéro qu'à l'époque. Et puis il y a cette vue isométrique dont les environnement rappellent bel et bien ceux de Sacred II, la beauté en moins.

 

Car malgré ces maigres références Sacred est bel et bien devenu le mix raté entre un Diablo 3 foiré à presque tous les étages et un Gauntlet du pauvre tant les cartes sont étroites.

Et s'il a perdu son côté ouvert, il a aussi oublié d'aller s'habiller décemment à l'échoppe du quartier : avec Sacred III on a perpétuellement l'impression de jouer à un jeu PS2 en HD, fluide mais très moche avec ses textures trop plates, ses couleurs saturées, son aliasing permanent.

En gros on prend Sacred II, on le ferme, on enlève les trois quarts de la durée de vie, on enlève toutes les spécificités rpg, et en plus de ça on vous le fait en moins joli qu'il y a de ça six ans. Et puis il n'y a qu'une seule et même histoire pour les quatre protagonistes, ça c'est cadeau.

 

Voilà bel et bien un plantage en beauté, qui décevra les aficionados de la série mais aussi les nouveaux venus qui hurleront au scandale pour un jeu annoncé à cinquante euros sur console lors de sa sortie.

Et pourtant les bases du gameplay sont classiques mais solides, l'humour fait mouche tout au long de l'aventure, et parfois on prend du plaisir à exterminer les troupes de Zane lorsqu'on est en groupe. Il faut malheureusement avouer que ce plaisir dure tout au plus quinze minutes par ci, par là, et que matraquer furieusement le bouton X (taper!), le O (esquiver!) et ses gâchettes (sort puissant ou léger!) pourrait provoquer une tendinite inutile.

 

Si vous adorez l'univers de Sacred et bien préférez lui Sacred Citadel, sorti en 2013, qui dans le genre est tout de même infiniment mieux réussi et beaucoup moins cher. Ce Sacred III aurait du sortir lui aussi à petit prix et uniquement en téléchargement, la pilule serait déjà bien mieux passée auprès des joueurs.

 

Bonus / Malus

+. L'humour omniprésent (dialogues et personnages)

+ Le mode online qui fonctionne bien

+ Un jeu plutôt fluide

+ Gameplay simple mais efficace

+ Rares bons moments en multi

- Une bonne vieille trahison à l'ancienne

- Techniquement daté

- Redondance à tous les étages

- Trop court

- DLC à venir, zones bloquées sur la carte GRRRRR

- Aucune rejouabilité

- Contenu indigent

- Trop de simplification tue le plaisir de jeu

- Solo totalement déprimant

 

Note

08/20

 

Vidéo

 

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